Delphine Desprez a 35 ans. Maman d'une petite fille de 8 ans, elle a toujours vécu en région parisienne. Elle propose des ateliers d'art-thérapie et de médiation artistique par le jeu théâtral, l'expression corporelle et l’imaginaire. Elle accompagne toute personne en quête de sens, de découverte sur soi, en souffrance physique ou morale ou qui veut se libérer, se faire du bien, se connecter à sa créativité. Les ateliers peuvent être collectifs dans des lieux adaptés ou à domicile, proche de Neuilly-sur-Marne. Elle propose également des séances en visioconférence depuis le confinement.
Son entreprise est née il y a moins d’un an, juste après l’obtention de sa certification. Après sa formation, il était évident pour elle d'exercer à son compte en tant qu'auto entrepreneuse. Elle aime la liberté que ce statut offre, même s’il a son lot d’inconvénients, surtout en situation de crise sanitaire. Elle a créé son entreprise avec l'objectif d'intervenir dans des institutions, hôpitaux, associations, et de proposer des stages d’art thérapie pour les particuliers. Elle travaille seule, tout en étant avisée par des proches pour les parties administratives ou communication et en se formant continuellement grâce, notamment, à des MOOC, des conférences, des salons ou des stages. Son entreprise s'appelle "Les Sens en Éveil" car elle est animée par l’envie de donner une impulsion d’émergence, de renaissance (renait – sens), d’émerveillement. Elle travaille actuellement avec des personnes isolées et dépendantes, aux parcours de vie chaotiques ainsi que des personnes âgées. Elle aime donner la parole, l'espace à ceux qu'on ne voit pas, qu'on n’entend pas assez, et ainsi (re)donner la dignité que chacun mérite par un regard, un sourire, un geste.
Ses prestations sont en constante évolution en fonction du public, du lieu d'intervention et des objectifs de chacun. Avec le coronavirus, elle a dû s'adapter au confinement de chacun. Elle a longtemps hésité puis elle a testé les ateliers en visio. Cela lui a demandé un certain ajustement dans l'accompagnement et les propositions créatives. Ces ateliers ont permis d'expérimenter autrement. Elle propose donc dorénavant des ateliers en visio à destination de ceux qui ne peuvent se déplacer ou qui préfèrent rester chez eux.
Après 15 ans en tant que chef de projet Qualité et Développement Durable dans de grands groupes français, après des centaines et des centaines de sensibilisations et d'audits auprès de cadres et de techniciens, elle s'est rendue compte que beaucoup de ses interlocuteurs manquaient « simplement » d'écoute. Il était donc difficile de leur demander des efforts supplémentaires pour le respect de procédures ou de l'environnement quand ce besoin essentiel n'était pas satisfait. Elle aimait alors prendre le temps d'écouter les problématiques de chacun et trouver ensemble des solutions adaptées. Cependant, elle était lasse de le faire pour le compte d’une entreprise. À cette période, elle a beaucoup côtoyé les hôpitaux, EHPAD et autres instituts spécialisés pour des proches. Certaines pratiques habituelles, certains comportements l’ont choqué et elle a eu envie d'agir pour ceux qui ne sont pas dans la "norme" de la société de consommation et du travail, ceux qu'on ne voit pas, qu'on n’entend pas, qu'on cache. Localement, elle s'est inscrite à un cours de pratiques partagées entre "valides" et personnes en situation de handicap mental.
En parallèle, elle a découvert la pratique du clown qui fut une vraie révélation : enfin un moment pour elle, pour s'amuser, laisser libre son corps et mettre son cerveau au vestiaire. Rares sont ces moments sans recherche de résultats, juste goûter au moment présent et à la liberté absolue d'être. Elle a eu envie d'offrir de tels moments à ceux qui en sont éloignés.
Elle pratiquait déjà le théâtre, la danse, l’improvisation, l’écriture et le yoga. Elle connaissait leurs vertus alors quand elle découvrit l'art-thérapie au hasard d’un article, cela fut une évidence. Passionnée des arts vivants, des jeux et de psychologie, ce métier était l'équilibre parfait entre donner du sens à sa vie professionnelle, être utile durablement aux autres et à la société, exercer à son compte, découvrir, créer et apprendre chaque jour tout en étant en contact de vies fascinantes.
Quand on parle de motivation, elle en a tellement ! Offrir un espace d'expression libre où chacun peut être entendu, vu et accueilli avec bienveillance et dignité. Offrir un espace sécurisant où expérimenter ses émotions, sa créativité, ses sensations corporelles, apprendre de son histoire. Stimuler les capacités créatives, cognitives et motrices de façon ludique, donner envie de jouer avec les mots, les couleurs, les sons, son corps sans désir de résultats. Accompagner chacun dans son développement durable en fonction de ses propres besoins. Aider à soulager les souffrances physiques et morales, à transformer les épreuves de la vie. Développer le pouvoir créateur de chacun, légitimer la singularité et l'authenticité.
Comment choisir sa formation en art thérapie ?
Il y a plusieurs écoles et courants de pensée dans l'art thérapie. Il est d’abord utile de se documenter sur les différentes possibilités grâce aux livres, pages Facebook ou sites spécialisées. Pour choisir sa formation, il est important de rencontrer les équipes pédagogiques et d'anciens formés et de s'interroger sur des problématiques logistiques.Même si l'art thérapie n'est pas encore réglementé en France, qu'il existe des formations en e-learning sur internet pour une centaine d'euros, il est préférable de choisir une formation diplômante (diplôme universitaire, master) ou qualifiante avec une certification RNCP par exemple.
Que ce soit en médiation artistique ou en art thérapie, il n'y a pas que de la théorie à digérer. Outre un travail thérapeutique sur soi nécessaire, il est primordial d’être guidé par un professionnel dans l'expérimentation des médiateurs et des techniques transmises, dans le développement de sa propre créativité. Vivre le dispositif du groupe est également nécessaire pour pouvoir accompagner à son tour.
L'art thérapeute travaille avec l'humain, ses failles, ses blessures. Il doit être outillé pour accueillir tous types de comportements et accompagner l'autre sans lui nuire.
Il y a également les stages pratiques et la supervision qui sont nécessaires pour valider ses acquis et ainsi son diplôme. Apprendre la théorie sans contrôler sa pratique serait comme apprendre à nager via internet et devenir maître-nageur ensuite. C'est possible mais il risque de manquer quelque chose au final.
Il est également indispensable de se questionner sur notre vision de l'art thérapie, comment nous envisageons l'accompagnement, avons-nous déjà une dominance artistique (théâtre, danse, arts plastiques...), et surtout d'être en cohérence avec le contenu et le courant de pensée de la formation : humaniste, psychanalytique, phénoménologique.
Il n'y a pas une meilleure méthode/école que d'autres. Il y a seulement celle qui résonne, qui vibre le plus en nous. Alors pour choisir sa formation, mon dernier conseil : être vigilant à ses ressentis corporels.
À la lecture de la brochure, du site internet, lors d'une visite sur place, de la rencontre avec un ancien élève, un membre de l'équipe pédagogique, avez-vous ressenti apaisement ou incompréhension ? Émulation ou doutes ? Comment était votre corps ? Bras relâchés ou fermés ? Votre visage était plus souriant ou tendu ? Les réponses à ces interrogations sont des indicateurs qui peuvent aider autant que la réflexion rationnelle du cerveau.
Quels sont les bienfaits de l'art thérapie sur les personnes atteintes d'autisme ?
Je ne suis pas spécialiste dans les troubles du spectre autistique.
Pour moi, chaque personne a un système de fonctionnement perceptif et sensoriel particulier, qu’il soit qualifié d’autiste ou de neurotypique. Mon travail est de m’adapter aux particularités et à la sensibilité de chacun pour proposer des activités adaptées et accompagner sur son chemin.
Les bienfaits des séances d’art thérapie dépendent des besoins et difficultés du participant et contexte du moment. Ils sont propres à chacun.
L’art thérapie où la singularité est recherchée est un espace propice à accueillir notre différence, mettre en valeur notre potentiel, trouver sa juste place. Les séances sont des moments particuliers d’expérimentation émotionnelle, relationnelle, corporelle. Elles sont donc un bon moyen pour que les personnes autistes prennent contact avec le monde qui les entoure, avec elles-mêmes, expriment leurs émotions profondes, leurs ressentis, leurs pensées, dans un cadre sécurisé.
On peut s’y exprimer autrement que par les mots, développer des capacités sensorielles, l’écoute, entraîner son équilibre, décharger un trop plein émotionnel avec le support des médiateurs (danse, arts plastiques, musique, modelage…). Le cadre ludique, tout en étant sécurisant avec l’accompagnement de l’art-thérapeute, permet aussi de passer un moment différent du quotidien et du cadre médical. Ce qui n’est pas négligeable dans le parcours de certaines personnes touchées par ce trouble.
Quels sont les objectifs de l'art utilisé à des fins thérapeutiques ?
L'objectif de l'art utilisé à des fins thérapeutiques est expérientiel. Il n'y aucun objectif de résultat, d'apprentissage de technique, d'obligation de création esthétique, de message à exprimer à d'autres, de compréhension de ce que l'on voit, entend ou fait. C'est par l'expérimentation du processus créatif, des ressentis liés au mouvement, à la couleur qui s'étale sur la feuille, aux mots écrits, aux sons émis qu'il y aura une visée thérapeutique. C’est un peu comme un terrain d’entrainement sur la vie, dans un cadre bienveillant et sécurisé. On expérimente et on s’entraîne à transformer la matière, incarner un personnage, oser prendre sa place dans le groupe, imaginer les possibles, se mettre en mouvement, libérer la pensée, s’exprimer pour mieux exister.
Les objectifs sont aussi divers qu'il y a de besoins et de difficultés : développer confiance et estime de soi, s'exprimer librement sans jugement, se reconnecter à son corps, ses ressentis, sa flamme intérieure, son pouvoir créateur, extérioriser des émotions trop souvent cachées, les reconnaître et les accepter, se découvrir, trouver du sens, du soulagement aux épreuves de la vie, organiser et structurer sa pensée, sortir de sa zone de confort, se dépasser et transformer ses difficultés, expérimenter ses limites et ses facultés, explorer ses polarités, amorcer un processus de changement, trouver un apaisement, stimuler ou maintenir ses capacités cognitives et motrices pour des personnes en situation de handicap ou avec des maladies dégénératives telles qu'Alzheimer.
Enfin, comme le dit Jean-Pierre Klein : « L’expression soulage mais la création, et la création suivie, transforme. »
Quels sont les exercices d'art thérapie que les enfants peuvent faire ?
L'art thérapie c'est avant tout un accompagnement personnalisé dans un cadre sécurisant, avec l'utilisation de médiateurs artistiques adaptés. Les exercices d'art thérapie sont alors proposés en fonction de l'âge, de la problématique, du besoin de l'enfant et du contexte. L’art thérapeute adapte ses propositions en fonction du déroulement de la séance et de l’enfant.
L’art thérapie peut être intéressante, pour les enfants, afin de savoir reconnaître, identifier et accepter leurs émotions, transformer un événement bloquant ou douloureux, développer la confiance en soi, etc.
Les enfants sont de base dans le jeu et l'imaginaire. Laisser l'enfant s'exprimer librement, que ce soit par le dessin, le mouvement, l'écriture ou une histoire inventée, est en soi un exercice d'art-thérapie, s'il est accueilli sans jugement, dans le respect des limites définies au préalable (temps, espaces, règles) et accompagné.