« Les motivations d’un tel choix sont profondes et se dévoilent tout au long d’une vie. J’ai aimé travailler avec des adolescents délinquants qui défrayaient la chronique. Aller à leur rencontre et passer outre les jugements faciles et ignorants, voilà quelque chose qui m’intéressait. Puis, délaissant le secteur éducatif, je me suis tournée vers le secteur hospitalier pour m’exercer avec les adolescents mais aussi avec les enfants dans le cadre du soin. Le challenge est de mettre l’enfant au travail psychiquement, dans sa singularité, en tenant compte de la complexité liée à son entourage. En effet, un enfant est toujours dépendant de quelqu’un d’autre, adultes, parents, familles d’accueil, éducateurs. En somme, j’aime aider l’autre dès son plus jeune âge, à trouver son chemin, à tracer sa voie, sans intervenir à sa place. Lui laisser prendre sa place dans sa vie, quelles qu’en soient les embûches et les souffrances. » – Marie-Luce Lelièvre.
Marie-Luce Lelièvre, 63 ans, est psychologue depuis 27 ans. Les recherches de postes effectuées juste après l’obtention de son diplôme n’offraient que des temps partiels, intéressants mais souvent éloignés de son lieu d’habitation. Elle avait alors un emploi à temps plein qu’elle ne pouvait se permettre d’abandonner. La solution a été d’ouvrir un cabinet. Amenée à quitter la région où elle exerçait, elle a cessé l’activité au bout de cinq ans mais la chance lui a permis de participer à un concours et au même moment elle a ainsi obtenu un poste de psychologue dans une structure du Ministère de la Justice. Bien plus tard, elle reprend l’activité libérale, pour l’intérêt de varier le travail.
Marie-Luce Lelièvre a intégré la fonction Publique Hospitalière il y a une huitaine d’années, maintenant une activité libérale réduite mais bien vivante. « Même au sein d’une équipe soignante et pluridisciplinaire, le psychologue est toujours seul dans son acte. Cependant il prend soin de prendre de la distance dans un travail décalé avec ses pairs tant sur la clinique que sur les concepts auxquels sa pratique est référée ; « seul mais pas sans les pairs », précise-t-elle. Elle insistera sur cette dimension : “ La clinique ne relève pas d’une pratique figée, c’est ce qui fait l’intérêt et la difficulté du métier. Les concepts eux aussi ne cessent d’évoluer. La clinique s’appuie sur des concepts qu’elle questionne à son tour. C’est le travail des psychologues en dehors de leurs bureaux ou cabinets.”
Parler à un psychologue reste une liberté. Quand une personne demande à consulter, elle a pour idée que s’adresser à un psychologue pourrait l’aider à comprendre ce qui ne va pas même si celle-ci ne se sent pas forcément encore prête.
Tous les psychologues n’opèrent pas de la même manière. Concepts et méthodes ne manquent pas. Une personne se présente avec une plainte parce que quelque chose ne va pas dans sa vie. Mais de quoi la personne qui se plaint parle-t-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Le travail commence par élaborer une question sur elle-même que la personne aura envie de soumettre à la réflexion. Une question s’élabore et n’appelle pas une réponse univoque, voilà la nature du travail clinique d’orientation psychanalytique. Le praticien a un savoir-faire mais ne détient pas de savoir sur le patient. C’est une position éthique. Le clinicien dans un premier temps, a pour tâche de repérer si un travail psychique est possible et de quelle nature.
Les personnes qui entament une recherche sur elles-mêmes et qui en ressentent l’intérêt disent souvent que tout un chacun devrait en faire autant. L’on demande à consulter quand quelque chose fait énigme à soi-même, quand on est en souffrance et que l’on ne sait pas comment sortir d’une impasse. Pour autant, la démarche n’est pas toujours suivie. On consulte et l’on s’y tient quand on est prêt.
Le titre de Psychologue relève d’un diplôme universitaire et d’un enregistrement à l’ARS. Toutefois, tous les psychologues ne sont pas thérapeutes. Les spécialités sont nombreuses et les fonctions variées : psycho sociologues, psychologues du travail, neuropsychologues, expertises… La pratique des tests appartient aux psychologues, non aux psychothérapeutes qui ne sont pas habilités à exercer au titre de psychologue. Par ailleurs, le psychologue clinicien est formé à la psychopathologie. C’est sa spécificité.