C’est la curiosité, l’envie d’apprendre, de comprendre, de se questionner à plusieurs, d’échanger les idées, de partager, de rencontrer les gens et de penser avec eux qui ont poussé Aurélie Ropa à créer Philambule. Elle tente de répandre la philosophie dès le plus jeune âge, en animant des ateliers philosophiques pour enfants. Nous l’avons rencontrée.
Aurélie est diplômée d’un bac +4 en sciences humaines mention philosophie à l’université de Lille 3. Ses domaines ? Les sciences humaines et sociales, et particulièrement la philosophie, et l’éducation populaire. À 39 ans, et suite à plusieurs questionnements ainsi que la volonté de rendre accessible de nouvelles pratiques philosophiques aux enfants, l’association Philambule a été créée en 2015 de la volonté de plusieurs personnes diplômées en philosophie.
L’équipe travaille généralement en binôme la trame des ateliers et animent la plupart du temps les ateliers à plusieurs intervenants. Ils ont également jusqu’à récemment, accueillis des personnes en service civique pour compléter l’effectif.
Nous avons tout, tous et toutes, à apprendre de soi, des autres et du monde qui nous entoure. Tout être humain n’est que de passage sur terre, et ce passage doit se faire dans le respect de lui-même et du monde qui l’entoure. L’étonnement et le questionnement que les anciens pratiquaient à l’égard de la nature reste aujourd’hui encore valable, et je dirai même plus que nécessaire dans les temps difficiles que nous traversons. La nature a ses lois que nous devons respecter sous peine de rendre ce monde non vivable pour l’humain. Les lois et la responsabilité des humains ne doivent pas omettre ceci. Nous ne pouvons pas tout maîtriser et posséder. La question des limites de ce que nous pouvons faire et les accepter rendrait nos vies plus sages et meilleures. La pratique de la philosophie peut contribuer à cela, pas nécessairement mais si nous en avons la volonté, elle peut être un bon moyen, à défaut d’être une fin en soi.
Fondamentalement, la philosophie sert à être dans le doute, à se poser des questions plutôt qu’être dans le dogme ou l’affirmation exclusive. A priori, la philosophie ne sert à rien de concret. Néanmoins la transversalité des savoirs qu’elle permet et dont elle use lui donne des outils et un vocabulaire spécifique, comme pour chaque métier, qui peuvent servir à de nombreuses choses, pas toujours vertueuses en réalité.
Parfois, la capacité à argumenter en philosophie peut servir des causes regrettables et qui ont un impacts dangereux pour la société (la rhétorique ou la sophistique, ou simplement l’ego des gens). Si on l’attache à la notion de respect et d’égalité, et si la personne qui la pratique cherche à rendre le monde meilleur, sans émettre de jugement sur les personnes, et qu’elle ne recherche pas “La Vérité”, elle peut servir à rendre meilleur soi-même dans un premier temps, puis le monde si possible. Cela dépend de quelle conception nous avons de la philosophie.
La pratique de la philosophie avec les enfants permet de l’envisager comme une pratique partant du bas, c’est-à-dire des problèmes du quotidien, et d’extraire les questions plus vastes qui en découlent. Ce n’est plus une philosophie élitiste qui part ou cherche le ciel des idées, ou qui part d’a priori, de jugement ou de préjugés. Elle n’échappe pas aujourd’hui à ce qu’on appelle le savoir situé (qui parle, d’où parle la personne, quel est son monde, son vécu… par affirmer telle ou telle chose).
Lors des ateliers la parole des enfants est première. Après avoir poser le cadre, parfois avec les enfants, la personne qui anime l’atelier (l’animasophe, terme que j’ai créé et qui dit exactement ce que nous faisons = insuffler une certaine dynamique, ou une certaine posture du questionnement) pose des questions en fonction du sujet mais aussi des questions et réponses des enfants.
C’est une pratique qui demande de la souplesse et d’adaptabilité (de sa posture mais aussi de son vocabulaire pour l’adapter aux enfants) et d’avoir bien étudié le sujet avant afin de pouvoir apporter des questions qui feront avancer les échanges. Cette pratique se sert également d’autres pratiques (artistiques, des livres, des jeux, dessins animés, cinéma…) pour mener les ateliers et faire avancer le sujet, mais aussi les gens qui participent.
Oui, l’une est inclus dans l’autre quoiqu’il en soit, ou devrait l’être, car l’une et l’autre doivent tenir une posture d’humilité et se poser des questions pour savoir comment bien faire les choses. C’est le mélange politique et économie qui ne fait pas bon ménage, en tout cas dans l’état actuel. En oubliant qu’il ne peut pas y avoir de bon « nomos » (lois ou règles) sans un bon « logos » (savoir, connaissance, discours, science, logique) , autrement dit il ne peut y avoir d’économie viable sans écologie viable également, le monde politique se tend jusqu’à craquer.
Car si le souci du monde et de bien faire les choses sont sous-jacents à la politique, sa responsabilité est de faire tenir l’intérêt particulier et l’intérêt général en même temps, le monde économique a souvent tendance à oublier le commun des êtres humains, et c’est cela qui nous perd.
Un grand merci à Aurélie Ropa qui nous a donné quelques informations sur son activité de “animasophe”, animatrice d’ateliers de philosophie pour les enfants. Si vous avez aimé cet article et que vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à faire un tour sur son site philambule.com !