« La céramique est avant tout un domaine de passion. C’est une activité dont on n’a jamais fait le tour et qui est multiple. Le tournage et la recherche des formes, l’émail et l’approche des réactions chimiques, le décor et les couleurs… J’aime cette diversité qui fait que chaque jour est une nouvelle aventure, une nouvelle découverte. Sans oublier l’intervention magique du feu et l’émerveillement devant les pièces, parfois incroyablement transformées, à la sortie du four. La céramique est une activité qui, après avoir été un peu délaissée par le public pendant des années, connaît aujourd’hui un regain d’intérêt important avec l’ouverture de nombreux ateliers et la présence d’objets en céramique dans de nombreuses boutiques. La pratique connaît également un fort engouement correspondant à une recherche de sens, qui passe par un retour à la matière et par la réalisation d’objets avec ses mains. » – Brune Somogyi
Brune Somogyi, 44 ans, est née à Paris et y vit actuellement. Elle exerce le métier de céramiste au sein de son atelier installé dans le 11ème arrondissement : l’Atelier Terre Brune. Il s’agit d’un atelier de création, mais elle y dispense également des cours de tournage et de modelage. Elle a créé l’atelier Atelier Terre Brune avec son compagnon Emmanuel Vanaudenhove en 2019 qu’elle rencontre grâce à leur activité commune qui était la sculpture sur pierre. Emmanuel, son compagnon, dispensant des cours dans un lieu où elle a été amenée à exposer. Peu à peu, elle se tourne vers la céramique, jusqu’à passer son diplôme de CAP Tournage en céramique en 2018 et à décider de créer un atelier de céramique dans le lieu où elle pratiquait auparavant la sculpture sur pierre. Son compagnon l’a beaucoup aidée dans cette démarche et lui a rapidement emboîté le pas, délaissant sa pratique de la pierre pour se former au tournage à ses côtés. C’est un atelier assez récent, mais l’activité fonctionne désormais à plein, notamment pour ce qui est des cours et des stages d’initiation qui sont tous complets des mois à l’avance. Pour transmettre leur passion pour le domaine de la céramique, ils mettent, à eux deux, à profit leurs expériences d’enseignement. En effet, Brune a été formatrice pendant des années avant de se mettre à la sculpture En dehors de l’atelier, elle forme également au tournage les futurs professionnels (adultes en reconversion, après avoir été elle-même dans cette situation) qui préparent leur diplôme de CAP Tournage en céramique à l’Atelier Chemins de la Céramique situé à Montreuil.
Brune découvre le monde de la céramique après des expériences professionnelles très diverses. Après des études littéraires et plusieurs années de travail dans l’édition numérique, elle développe peu à peu une activité de formation aux nouvelles technologies qui lui a permis de travailler de manière indépendante et lui a donné le goût de la transmission. Cette liberté lui a permis de découvrir le travail de la pierre auprès de sculpteurs, de travailler à leurs côtés, puis de s’installer dans un atelier personnel pour poursuivre cette activité artistique passionnante. « C’est dans un atelier de modelage que je suis tombée sur un tour rangé dans un coin. Dès que je me suis assise devant, ça a été le coup de foudre, et ce même si je ne connaissais rien et ne parvenais à rien faire. Je me suis jurée d’apprendre ! », confie-t-elle. Ce n’est que plus tard, en cherchant de nouvelles sources d’inspiration pour sa sculpture, après avoir repensé à cette histoire de tournage, qu’elle s’inscrit à un cours de loisir où elle passe deux ans merveilleux à découvrir de nombreux aspects de la céramique. Ce qui a surtout été le moteur de son avis d’en apprendre plus. Elle a alors eu la chance de pouvoir s’inscrire à la préparation du CAP Tournage céramique à l’Atelier Chemins de la Céramique (ex Chemins de Terre) situé à Montreuil et y réalise qu’elle pourrait y consacrer tout son temps… Ce qu’elle fait depuis sans le regretter un seul instant.
Il suffit d’une table et de quelques ustensiles pour commencer à modeler la terre. Les mains qui sont le principal outil du potier. Pour une pratique régulière, il est facile de trouver un large éventail d’outils dédiés à la céramique (estèques, fils, aiguilles, ébauchoirs, mirettes…) dans les magasins spécialisés et dans les enseignes dédiées aux beaux-arts.
Cependant lorsque l’on commence à travailler l’argile se pose rapidement de problème de rendre ses créations durables. Pour cela, il faut les cuire à des températures bien plus élevées que le simple four de cuisine. A la préhistoire, on les cuisait dans le feu (avec beaucoup de casse) et ces foyers ont peu à peu évolué jusqu’à devenir aujourd’hui des fours ultra performants, mais aussi assez chers. De nombreux ateliers proposent aux amateurs de cuire les pièces extérieures dans leurs fours.
Ensuite, pour ce qui est du tournage il faut évidemment un tour de potier, ce qui représente un investissement non négligeable. De plus, un apprentissage minimal est indispensable pour utiliser un tour. Le passage par un atelier de céramique est donc vivement recommandé !
Le mot céramique est un terme générique qui désigne tous les objets en argile ayant subi une transformation par le feu. Il peut donc s’agir indifféremment de terre cuite, de grès ou de porcelaine.
La terre cuite (qui donne la faïence) est généralement rouge et cuite à basse température. Elle reste fragile et poreuse (utile par exemple pour des pots de fleurs). Mais elle peut être recouverte d’un émail qui peut être de couleurs vives. Ceci afin de la rendre étanche et propre à l’usage domestique. On trouve beaucoup de céramiques en terre cuite dans le sud de la France (par exemple à Vallauris où Picasso a pratiqué la céramique).
Le grès est une terre de haute température (1250°C environ) qui est très solide et qui vitrifie (donc est étanche). On fait de la vaisselle solide en grès, mais également des dallages de sol et d’autres usages où sa grande solidité et son caractère non poreux sont appréciés. Du fait de la haute température, les émaux de grès sont généralement moins vivement colorés que ceux de faïence. On trouve du grès notamment en Bourgogne, dans la région de la Puisaye où de nombreux céramistes de grès sont installés.
La porcelaine est une terre de haute température également (1250°C à 1400°C environ) vitrifiée et solide qui permet de réaliser des pièces d’une grande finesse qui restent malgré tout solides. Elle se caractérise par sa translucidité lorsqu’elle est assez fine et un son clair lorsqu’on la choque.
Il peut être monté « au colombin », c’est-à-dire que l’on empile des boudins d’argile les uns au-dessus des autres jusqu’à obtenir la taille souhaitée. On les soude les uns aux autres et on retravaille ensuite la forme. Cette technique a l’avantage d’être à la fois très simple (il n’y a pas besoin d’équipement spécifique) et très souple. Il peut être réalisé « à la plaque » en assemblant des galettes de terre plus ou moins fermes. C’est une technique très intéressante notamment pour réaliser des vases de forme parallélépipédique, mais il faut un peu de pratique pour la maîtriser. Ces deux premières techniques sont qualifiées de « modelage » par opposition avec les deux suivantes.
Le tour de potier (apparu environ en 4000 av J.C.) représente un gain important de temps par rapport aux techniques de modelage. La giration du tour permet au tourneur de produire une pièce en quelques minutes. Ça a été pendant très longtemps le mode de production principal des manufactures et ateliers de céramique, jusqu’à ce qu’il soit remplacé par un procédé encore plus efficace et précis dans la reproduction : le moulage. Le tournage est aujourd’hui une activité principalement artisanale qui est très appréciée car le rapport à l’argile y est très agréable et sensuel.
Enfin, les moules en plâtre permettent de produire des céramiques en série, facilement et de manière très précise. Actuellement la plupart des céramiques du commerce sont moulées (de nouveaux process de moulage sans eau permettent de réaliser des productions rapides et techniquement très intéressantes). C’est également un mode de travail privilégié de nombreux artisans car cela permet de réaliser des pièces difficiles à produire avec les autres techniques.
S’initier à la céramique, c’est découvrir un domaine passionnant aux multiples possibilités. Certains tomberont amoureux de la sensualité et de la technicité du tournage, d’autres apprécieront le calme que procure le modelage, tandis que d’autres encore apprécieront de pouvoir décorer leurs pièces avec les nombreuses techniques qu’offre le support céramique.
Chaque atelier propose un éventail de techniques et une approche de la création différents. C’est également l’occasion de créer des pièces de ses propres mains, qu’elles soient utilitaires ou sculpturales, et de libérer sa créativité avec un matériau universel aux possibilités multiples.
