“Une affection génétique dégrade mon ouïe depuis l’adolescence et un diagnostic de surdité a été posé lorsque j’avais 24 ans. Pour une musicienne à l’aube de sa carrière, ce fut un coup dur ! Je me suis donc fait appareiller et me suis lancée dans une réorientation professionnelle car mon métier devenait source de souffrance. Le domaine de la santé m’intéressait, et une succession de rencontres m’a fait découvrir la médecine chinoise”.
Si un malheur n’arrive jamais seul, il faut aussi partir du principe qu’il arrive pour une raison assez précise qu’on peut ne pas comprendre sur le champ. C’est cette maladie qui va conduire Alice Korovitch à découvrir et aimer les merveilles de la médecine chinoise. Elle a commencé sa formation il y a 10 ans et exerce depuis 4 ans à temps plein.
Mais elle précise que la médecine chinoise qu’elle pratique est inspirée des techniques japonaises. “J’ai été formée à l’acupuncture pure à la chinoise, mais je pratique à présent un style moins invasif, celui de la tradition japonaise, qui utilise beaucoup moins l’insertion d’aiguilles et se base davantage sur le toucher doux, subtil et rassurant. Je travaille également beaucoup en Qigong sur et avec mes consultants, et aussi avec des outils métalliques (les Teishin) qui sont eux aussi issus de la tradition japonaise” nous dit-elle.
La médecine chinoise (ou sinothérapie) est fascinante par le regard qu’elle pose sur le corps et son fonctionnement, totalement à l’opposé de notre médecine moderne scientifique ! Il s’agit d’un domaine holistique, solidement bâti sur une expérience de plus de 3000 ans, un savoir soigneusement théorisé et patiemment transmis (les vieux classiques, certains vieux de plus de 2000 ans, sont toujours étudiés de nos jours et constituent la base de l’enseignement encore au XXIe siècle !), issu de l’observation du monde selon le Taoïsme, qui a beaucoup à apprendre aux cartésiens occidentaux que nous sommes, et qui répond efficacement aux attentes de nombreuses personnes déçues par les médecins et spécialistes modernes, ou encore rebutés par les médicaments.
Le paradigme santé/maladie est radicalement différent, tout comme l’est la physiologie même du corps : on se base sur les théories du YinYang, des Cinq Phases, des Trois Trésors, et sur le réseau des méridiens… Autant de termes qui sonnent de manière poétique à nos oreilles mais révèlent une réalité tout à fait palpable et sérieuse. De plus, les symptômes étant les signes les plus superficiels d’une dysharmonie interne, on cherche avant tout à rétablir l’équilibre du corps et de ses différents composants. L’aspect émotionnel, psychique, voire spirituel, n’est pas laissé de côté. Et comme on considère que le vrai médecin est le corps du patient, l’accent est mis sur la consolidation des ressources de vitalité, le renforcement de la libre circulation du Qi avant tout. On applique un principe fondamental du Classique de l’Empereur Jaune, le Huang Di Nei Jing (黄帝内经) : “Pour traiter la maladie, retourner à sa racine”. Or la racine d’une maladie est l’Énergie, pas le symptôme physique.
J’ai trouvé dans cette médecine bien plus qu’une réponse à mes maux : tout un art de vivre, de comprendre et penser le corps et son équilibre, et je m’efforce à présent, grâce à ces connaissances, de soulager de mon mieux ceux qui choisissent de passer ma porte.
Je n’utilise plus d’aiguilles à insertion. Mes outils sont des Teishins, des outils en différents métaux et de différentes formes, que j’utilise sur les points d’acupuncture ou le long des méridiens, ou encore sur des zones particulières selon la situation.
J’utilise toutefois des ASP (aiguilles semi-permanentes auriculaires) pour les points des oreilles, et des Pyonex (minuscules aiguilles à demeure) avec lesquels les gens peuvent repartir, et qu’ils gardent plusieurs jours afin que l’information continue à être transmise, en douceur. Ces outils sont très reconnus dans la profession, totalement sûrs, stériles et absolument pas gênants.
Toutes deux ont une action sur le Qi, mais par des moyens différents. L’acupuncture utilise le métal de l’aiguille. Elle est davantage drainante, dispersante, bien que certains points puissent aussi avoir une action nourrissante. La moxibustion utilise la chaleur du feu et les propriétés de l’armoise (que l’on brûle). Elle peut servir à disperser mais aussi à nourrir, selon les points utilisés. Elle est absolument nécessaire en cas de faiblesse, fatigue, frilosité…
Cependant, il n’y a qu’en occident que l’on fait cette distinction entre ces deux domaines puisque le terme chinois 针灸 (zhēnjiǔ) que l’on traduit par le seul mot “acupuncture” est composé de deux mots : aiguille et moxibustion ! Comme le Yin et le Yang, l’un ne va pas sans l’autre. Dans l’esprit des anciens, un traitement d’acupuncture n’était pas complet s’il n’y avait pas de la moxibustion en plus.
La pharmacopée est un des piliers de la médecine chinoise, au même titre que l’acupuncture, la moxibustion, la diététique et le Qigong. Certains se spécialisent dans ce domaine tant il est vaste et complexe. Ce n’est pas mon cas, puisque je pratique davantage les techniques manuelles et le Qigong. Le principe est d’utiliser les propriétés des plantes pour agir sur le corps et ramener l’équilibre.
En Occident, la pharmacopée est utilisée de manière uniquement thérapeutique, mais l’usage des plantes dans la vie quotidienne est encore assez répandu en Orient et notamment en Chine, où l’on sait préparer des plats, soupes, remèdes de première main en fonction des situations les plus courantes (rhumes, diarrhée, constipation, mal au dos, céphalée, fatigue…). La pharmacopée s’intègre ainsi à la diététique. Bien manger est le début de la santé !
La vision chinoise antique considère que l’Homme, placée entre Ciel et Terre, est soumis aux mêmes lois que la nature avec son climat et ses intempéries. Nous sommes donc susceptibles de souffrir de chaleur, de froid, de sécheresse, d’humidité, etc … Les plantes ayant des natures et des saveurs particulières (réchauffantes, refroidissantes, neutres, asséchantes, humidifiantes, tonifiantes, dispersantes …), en les assemblant de manière spécifique, on obtient un remède adapté à toute situation.
Le Qigong (气功 = littéralement “travail de l’Énergie”) est indissociable d’une bonne pratique en médecine chinoise. Vous ne trouverez pas beaucoup de thérapeutes qui ne le pratiquent pas un minimum. De très nombreux Chinois (et de plus en plus d’Européens) le pratiquent quotidiennement dans les parcs, chez eux, seuls ou en groupes.
Il y a deux informations fondamentales à propos du Qigong :
A titre personnel, je peux affirmer que c’est la pratique du Qigong qui m’apporte le plus concernant ma santé, et c’est ainsi tout naturellement que j’ai développé l’aspect thérapeutique, avec émission du Qi, pour prendre soin des autres. Je l’utilise donc durant mes séances, mais je conseille également des mouvements à mes patients, selon les déséquilibres qui leur sont propres.
La médecine chinoise, forte de sa sagesse, permet donc par tous ses différents outils (diététique, pharmacopée, acupuncture et moxibustion, massothérapie, Qigong) à chaque personne de participer activement à la reprise en main de sa propre santé !
Pour en savoir plus : http://www.sinotherapie.fr/