L’hypnose est la mère de toutes les psychothérapies et connaît un engouement grandissant ; tombée dans l’oubli pendant une période, elle refait surface plus noble que jamais. Ses mécanismes sont encore mal compris mais son efficacité est indéniable. Ses connexions avec les neurosciences lui fournissent un socle robuste et dynamique, elle est de plus en plus utilisée dans le cadre d’accompagnement thérapeutique et même en bloc opératoire, en utilisation conjointe avec la pharmacologie anesthésique.
L’hypnose n’est pas nécessairement un état de relaxation, il s’agit d’un processus actif, un facilitateur de changement qui induit un glissement de la conscience “habituelle”. C’est à la fois un état qui entretient un processus et un processus qui entretient un état.
La transe hypnotique peut être expérimentée par tout le monde mais certaines pathologies dissociatives nécessitent une extrême prudence. Le praticien en hypnose ne doit pas prendre n’importe qui en consultation, notamment les patients dont les pathologies relèvent de la psychiatrie.
Lors de notre rencontre, Sébastien Raupp n’a pas hésité à répondre à nos questions concernant à cette pratique thérapeutique. Âgé de 47 ans, notre praticien s’est toujours intéressé aux processus cognitifs. Il a étudié l’hypnose thérapeutique en France et en Suisse et a commencé à pratiquer son savoir-faire dans ces deux pays. Outre ses consultations, il organise également des ateliers d’auto-hypnose dans la vallée des Aravis, à Thônes, en Haute-Savoie.
Plutôt cartésien et analytique de nature, j’ai tout de suite accroché avec l’hypnose de part ses liens avec les neurosciences et la biologie. Par le biais des nouvelles technologies d’imagerie médicale, un état d’hypnose peut désormais s’observer. Même si notre connaissance du cerveau humain n’en est qu’à ses balbutiements, c’est un domaine en pleine expansion et des découvertes sont faites très régulièrement. Le côté expérimental me plait beaucoup.
Certaines séances ont besoin d’être organisées comme une partie d’échecs, en exploitant des techniques de manipulation positives. J’aime beaucoup ce côté ludique que peuvent prendre certaines sessions.
Par ailleurs, certaines régressions hypnotiques ont également un côté très spectaculaire, voire magique. Je suis souvent surpris de la tournure que prennent certaines séances, notre feuille de route de praticien est rarement suivie à la lettre et c’est très motivant !
L’hypnose thérapeutique est tout à fait indiquée pour ce type d’objectif, on parle alors de modélisation mentale. Dans une certaine mesure, le cerveau humain est incapable de faire la différence entre le réel et l’imaginaire. Lorsqu’un consultant imagine qu’il joue un match de tennis ou qu’il joue une sonate de Chopin, les ressources mises en jeu sont exactement les mêmes que dans le monde réel ; les réflexes musculaires sont simplement « annulés » au dernier moment, un peu comme pendant un rêve du sommeil paradoxal. Une séance d’hypnose permet donc de s’entraîner, d’apprendre et de s’améliorer, de nourrir certaines capacités.
D’une manière générale, l’hypnose peut agir par rapport à des routines inconscientes qui sont en place et qu’on voudrait modifier. Une pensée obsessionnelle ou un TOC est déclenché par une partie de nous avec laquelle on ne communique pas, sur laquelle on a aucun contrôle conscient, « c’est plus fort que nous ».
Il se trouve que dans ce cas précis, l’hypnose et le symptôme parlent le même langage car ils mettent tous les deux en jeu des ressources inconscientes. L’hypnose thérapeutique permet donc d’aller voir cette partie de nous, responsable du symptôme, puis de lui fournir de nouvelles directives.
Recourir à l’hypnose nous permet d’aller mieux et de vaincre certains de nos maux. L’hypnothérapie est efficace car elle nous autorise une modification des racines de nos comportements, via un nouvel état de conscience. La transe hypnotique permet de changer nos perceptions ; percevoir c’est déjà créer, changer une perception c’est modifier un apprentissage interne, faire une reprogrammation.