Nés de parents musiciens impliqués auprès du Cercle œcuménique du Mans, qui associe confession et musique, Philippe Lenoble a naturellement évolué dans ce milieu et étudié la musique au Conservatoire National. Aujourd’hui directeur artistique du Choeur Grégorien du Mans, il nous parle de son parcours.
L’association « Chœur Grégorien du Mans » a pour but de faire connaître le chant grégorien en réalisant des concerts en France et à travers le monde comme à Moscou, Montréal, Washington ou encore Rome. Le choeur compte 25 personnes et a un répertoire très large. C’est Philippe qui se charge du choix des chants, en fonction de la saison ou de l’événement.
Selon lui, il faut avoir expérimenté une fois dans sa vie la pratique du chant grégorien. C’est une émotion musicale qui transporte vers une prière intense. Philippe porte particulièrement attention à la voix, la qualité du timbre, l’homogénéité du son, le sens de la courbe, de la phrase mélodique et de la justesse.
Marié à une angevine, Chantal, nous avons eu 8 enfants et 9 petits enfants. Maître de chapelle à la cathédrale du Mans pendant 42 ans, je suis diacre de l’Eglise catholique depuis 1990. Deux distinctions officielles m’ont été attribuées, à savoir celle de Chevalier de l’ordre des « Arts et des Lettres » pour avoir œuvré pour le chant dans le domaine culturel et les « Palmes Académiques » délivrées par l’Education Nationale.
L’association “Choeur Grégorien du Mans” était souhaité et créé à l’initiative de l’éminent et regretté Maître de chœur de l’Abbaye St Pierre de Solesmes : Dom Jean Claire. L’année 2020 verra le chœur fêter ses 40 ans d’existence. Il est vrai qu’à l’origine le chœur était composé d’hommes uniquement. Aujourd’hui, les voix de femmes y sont conviées.
Quelques choristes acceptent de se produire en soliste. Ils contribuent par la même occasion à la diversité des sonorités et des timbres de voix tout particulièrement dans les auditions comme l’exige le prochain concert donné à l’église St Croix au Mans le samedi 30 novembre à 20 h 30.
Le fait d’avoir effectué un travail dans une grande entreprise ne convenait pas à ma philosophie, à ma manière d’être, cela m’a poussé très rapidement à reprendre et terminer les études musicales déjà avancées. Après un diplôme à l’Université du Maine, j’ai étudié les manuscrits médiévaux de musique à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne à Paris IV. Jean Jeanneteau, spécialiste du chant grégorien, m’enseigna la lecture des manuscrits liturgiques dans le cadre de l’Université catholique d’Angers.
La chance me fut donnée de participer à des sessions de chant grégorien totalement subventionnées par le Ministère de la Culture au Centre Culturel de l’Abbaye cistercienne de Sénanque. Cette formation s’étalait sur deux semaines d’été chaque année au cœur des champs de lavande. Par la suite, la direction de ces sessions me fut confiée au Centre Culturel de l’Abbaye Royale de Fontevrault dans le Maine et Loire. Aujourd’hui, je réponds au maximum à la demande instante d’une dizaine de monastères bénédictins et cisterciens.
La voix, c’est un muscle à faire travailler le plus régulièrement possible. Il faut bien connaître son corps et prendre conscience de sa propre respiration. Il nous faut augmenter la capacité respiratoire si l’on veut avoir une bonne colonne d’air : ainsi la phrase peut se développer dans sa totalité. Le maintien corporel, le visage épanoui, le regard ouvert, une bonne respiration, toutes ces attitudes contribuent à la réussite du chant donné. Des vocalises pour étendre la tessiture de la voix s’imposent aussi. Des exercices de prononciation, la conscientisation de la véritable couleur de chacune des voyelles.
L’espace du chant pour les répétitions, les célébrations et les concerts est le plus souvent une architecture romane ou gothique. Pour le chant sacré, les matériaux en bois et en pierre sont très favorables à une bonne interprétation et particulièrement dans des lieux voûtés où l’acoustique naturelle retrouve ses droits. Le son et la vue s’accordent avec le point source : le chanteur.
Ce chant nécessite déjà à la base un silence intérieur avant et après l’exécution d’une pièce musicale. « Le silence qui précède et suit une musique fait partie de la musique » disait Wolfgang Amadeus Mozart. Il exige une écoute de tout instant puisqu’il s’agit d’un chant en langue latine à l’unisson, c’est-à-dire à 1 voix, a capella, sans l’aide d’instrument de musique.
Une écoute qui comprend le texte chanté puisque la musique émane totalement du texte : elle en subit l’influence totale. La mélodie essaiera même parfois de faire dire, plus que le texte lui-même, d’élever la conscience au maximum vers les hauteurs sans aucune sensiblerie, ni même d’affect. Chaque chant exprime un monde sonore dans lequel il faut rentrer. Quelques mots vibreront plus que d’autres.
Une bonne technique vocale s’avère indispensable. C’est un préalable car il faut donner l’exemple. La connaissance de la première notation musicale du 9ème siècle est incontournable : si elle indique que trop peu le rythme et la mélodie, elle n’est pas avare de renseignements sur la manière de chanter d’une part et d’autre part sur la dynamique agogique suggérés aux divers mots chantés. Des sessions de formation avec des chefs de chœurs reconnus, des rencontres avec des liturgistes, des colloques pour élargir son champ de connaissance existent en ce domaine spécialisé et emprunt de multiples exigences pédagogiques, musicales et spirituelles.
Chanter dans une chorale, c’est déjà se retrouver pour mettre sa voix à l’unisson de toutes celles des autres. C’est abandonner les soucis de la vie quotidienne pour chanter un texte délibérément porteur dans lequel les mots pour la plupart tirés de textes sacrés anciens expriment tous les sentiments et divers états d’âme : pleurs et joie, succès et souffrances, fatigue et enthousiasme… Chacun ressent un jour ou l’autre dans sa vie, une de ces sensations extrêmes ! Le fait de chanter oxygène le cerveau. Un certain bien-être s’installe au fur et à mesure de l’approfondissement des chants. Ainsi, les choristes disent toujours être détendus à l’issue d’une répétition.
Un grand merci à Philippe Lenoble qui nous a donné quelques informations sur son activité de directeur artistique d’un choeur. Si vous avez aimé cet article et que vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à faire un tour sur son site psallette.org !