Quand tout est question de passion et d’harmonie !

Publié le 19 septembre 2019 par Pion Denise
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Le tango argentin est une danse sociale reposant sur trois genres musicaux : tango, valse et milonga. C’est une danse sensitive, subtile, expressive où la connexion au sein du couple permet d’interpréter tout une palette d’émotions réelles ou simulées. Le tango argentin se caractérise par la nécessité, l’envie, le plaisir d’une communication gestuelle, et non verbale, avec son partenaire de danse. Cela devient vite une passion.

 

Tango Malo est une association créée en Bretagne, qui n’aspire qu’à promouvoir cette danse. Le principal objectif de cette association est de développer le tango argentin à Saint-Malo, en pays malouin et dans son environnement géographique, social et culturel.

 

Au jour le jour, des activités permettant de pratiquer le tango argentin, de l’apprendre et d’en découvrir la culture et ses divers modes d’expression sont proposées par cette association. Danse, pédagogie et organisation sont ses priorités. On pourrait même résumer cela par le mot “animation” au sens où enseigner est synonyme d’animer un foyer.

 

Quelles ont été vos motivations pour exercer ce métier ?

 

Tout d’abord une certaine fascination pour l’élégance du tango argentin où le couple s’enlace avec délicatesse, sans embarras ni maladresse. Il évolue dans une harmonie qu’on imagine fondée sur l’habitude … peut-être … la complicité … sans doute … mais surtout sur une connexion subtile et silencieuse au sein du couple.

En second lieu, un intérêt pour l’aisance des danseurs, leur improvisation, la répartition des rôles, le respect qu’on développe à l’égard de ses partenaires et des autres couples présents sur la piste, un goût pour l’ambiance d’une milonga, ses codes et la convivialité entre gens qui partagent la même passion.

Bien sûr, le plaisir qu’on éprouve à progresser et le constat que tout cela est accessible si l’on s’en donne les moyens est très motivant. Et l’on s’aperçoit que le langage utilisé pour cette danse se transpose avec évidence à la relation de couple dans la vraie vie. Une expression toute simple comme ‘’torts partagés’’ quand ça ne marche pas le fait très bien comprendre. D’autres formules sont expressives :

– chacun doit maîtriser son propre équilibre ;

– chacun doit assumer ses rôles ;

– les rôles du guideur et du suiveur ne sont pas les mêmes, mais ils sont interchangeables ;

– le guideur doit inviter au mouvement, non le forcer, et s’adapter quand il ne s’est pas fait comprendre ;

– le suiveur a l’initiative de la suite à donner pour éviter le conformisme et jouer la facétie, langueur, fougue, complicité ou tout autre mode émotionnel ;

D’où la volonté de partager sa passion, de susciter l’intérêt chez d’autres et de réunir les conditions d’un apprentissage fiable et serein. Ainsi on ouvre une fenêtre sur un mode social assez merveilleux et l’on favorise l’essor de chacun vers une vibration plutôt magique.

 

 

On dit du flamenco que c’est une culture à apprendre. Pensez-vous que l’on puisse en dire autant du tango? Pourquoi?

 

C’est à la fois une culture à apprendre et à adopter.

Le tango est né à Buenos Aires, dans le quartier de La Boca, autour du port. C’est là que débarquaient les migrants venant chercher fortune. Refoulée du vieux continent par l’économie ou l’idéologie, cette population tzigane, juive, russe, hongroise, française (bretonne, basque, auvergnate) allemande, italienne surtout ; bref, cette population apporte et fusionne ses danses, ses musiques, ses instruments pour égayer quelque peu les dures journées de labeur.

Ainsi est né le tango, genre musical empreint de nostalgie, de tristesse même, car les uns ont mal accepté, mal supporté ces conditions de vie extrêmement difficiles. La mortalité des plus faibles était très élevée et le retour au pays, une échappatoire bienvenue. Mais beaucoup avaient brûlé leurs vaisseaux ; il fallait s’installer avec un fort déséquilibre du ratio homme-femme. D’où le caractère d’abord sensuel de cette danse et les rivalités entre hommes. Par exemple, le pivot si présent en tango argentin s’explique par la volonté du danseur de surveiller ses arrières et se prémunir des coups de poignard dans le dos. On dit aussi que pour danser avec une femme il fallait aller où elle se trouvait, c’est-à-dire dans les bouges et … payer. Ayant peu d’argent à gaspiller, les hommes s’entraînaient entre eux avant de s’accorder une once de féminité.

Cette 3e migration faisait suite à la première, Espagnole au XVIe siècle, qui avait presque anéanti la population d’origine indienne ; éradication suscitant la seconde migration, noire, du commerce triangulaire pour disposer de main-d’œuvre. De ces vagues successives, est resté un genre musical, la milonga, où les noirs singeaient la danse des blancs en la caricaturant bien sûr. Ce genre est plus gai, plus enjoué que le tango. Parfaitement adopté aujourd’hui, ce genre alterne avec le tango et la valse qui fut adaptée au climat de Buenos Aires, situé dans l’hémisphère Sud à la même latitude que Tanger dans l’hémisphère Nord.

Les liaisons maritimes de l’époque emportèrent les partitions de tango dans les bagages des voyageurs et firent connaître cette danse en Europe, principalement à Paris qui l’adopta en lui apportant une respectabilité bienvenue à son retour en Argentine. Cet engouement pour le tango fut facilité par l’industrie naissante du disque qui contribua à son expansion. L’industrie frigorifique, naissante elle-aussi, et la guerre (vieille comme le monde) amplifièrent les échanges entre l’Europe et l’Argentine. Là-bas, différents régimes politiques valorisèrent la culture argentine, dont le tango qui se structure et se développe dans la 1re moitié du XXe siècle en tant que danse sociale. Chaque barrio[1], chaque orquesta[2], crée son style. De célèbres musiciens impriment leur marque : Francisco Canaro, Carlos Di Sarli, Juan d’Arienzo, Anibal Troilo, Osvaldo Pugliese, Ricardo Tanturi, Angel d’Agostino, Rodolfo Biagi, Osvaldo Fresedo, Miguel Calo, Lucio Demare, Pedro Laurenz, Alfredo De Angelis … la liste est encore longue !

Puis dans les années 50, le tango sera étouffé au profit du rock’n roll. Alors il s’exporte dans le monde entier sous forme de spectacles grâce à des couples comme Juan Carlos Copès & Maria Nieves. Il atteint alors un public planétaire d’amateurs.

D’autres noms y ont contribué. Juan Carlos Cacerès veut rendre aux noirs la reconnaissance culturelle qu’ils méritent. Astor Piazzolla, parti à New York avec ses parents pour fuir la dictature, est impacté par le jazz du Bronx qui influencera ses compositions ultérieures et créera un courant, le Tango Nuevo, dans lequel s’engouffrent des compositeurs comme Carlos Libedinsky ou Jaime Wilensky et des groupes comme Gotan Project, Tanghetto, Tango Jointz, Otros Aires, Bajofondo entre autres.

Avec le retour de la démocratie, des formations musicales jeunes et nouvelles arrangent les standards dans une orchestration plus moderne et de meilleure qualité sonore sans nuire au fonds musical traditionnel.

Toute cette histoire du tango s’inscrit dans la lignée de cette population cosmopolite à l’origine qui s’est construite sur une culture faite de dénuement, de solidarité, de tolérance, mais aussi de rivalité et d’émulation.

Donc oui, c’est une culture qu’il faut connaître, et adopter immanquablement, pour comprendre ses origines, ses évolutions et se dégager des clichés trop faciles. C’est néanmoins une danse assez jeune, cent ans à peine, qui gagnera encore en maturité quand on saura s’affranchir des conventions, postures et rigidités réelles ou affectées de tel ou tel courant, le tronc commun étant de toute façon la connexion au sein du couple.

 

 

Que conseillez-vous comme habillement pour apprendre à danser le tango?

 

En bal on se fait élégant, mais à chacun son élégance. On n’est pas à Buenos Aires où dans certaines milongas c’est costume-cravate pour les hommes, et dans d’autres, pantalon de toile et chemise ouverte. Pour les femmes, des deux côtés de l’Atlantique on est toujours plus tolérant. En cours et practicás, il est recommandé de porter des vêtements amples et confortables. La panoplie complète du tangueros n’est pas synonyme de compétence. Mais après tout, à chacun de voir, ça doit rester un plaisir.

 

 

Comment sont les astuces et techniques qui vous aident à mieux enseigner cette danse?

 

L’enseignement est souvent oral alors que l’apprentissage doit être corporel.

C’est un handicap, car on parle beaucoup en peu de temps alors que l’élève prendra du temps pour faire descendre les consignes des oreilles aux pieds en passant par les épaules, hanches, genoux, chevilles … et cerveau. Donc une consigne à la fois.

Moi, j’aime bien commencer par la musique ; une musique simple et caractéristique comme celles de Di Sarli. Sans un mot, on commence par marquer les temps avec chaque pied ; puis on différencie les temps forts et faibles ; puis on compte sur ses doigts la phrase musicale, en 8 temps, qui revient ou alterne avec une autre. Tout cela sur place puis en marchant d’abord seul, en avant et en arrière ; puis à deux en position collège c’est-à-dire les mains sur les avant-bras de l’autre pour garder une certaine distance ; puis en position plus rapprochée, les mains sur les épaules ; puis en abrazo ouvert, puis en abrazo fermé où l’on est vraiment l’un dans les bras de l’autre. Puisqu’il n’est pas usuel de marcher ensemble, l’un en avant l’autre en arrière en position aussi rapprochée, on insiste sur la musique qui est une sécurité, comme le filet des acrobates. Ainsi la femme ne sera pas surprise par le 1er pas du danseur qui viendra toujours sur le 1er temps fort de la phrase musicale. Tout cela se fait sans un mot.

Ensuite, on commence à parler … peu … c’est-à-dire une consigne … mise en application, une erreur … qu’on corrige d’un geste ou d’un regard. Quand on sent que le mouvement est compris, on laisse le couple se l’approprier pour qu’il s’ancre dans les corps. Les premières consignes sont simples, élémentaires ; puis on étoffe l’exercice pour aller vers des choses plus complexes. En passant on rectifie de petits détails. C’est un peu comme en grammaire : sujet, verbe, complément ; puis on rajoute un adjectif, un adverbe, une subordonnée, etc.

Si nécessaire, on prend le rôle de l’homme pour faire sentir à la femme ce qu’elle doit comprendre ET INVERSEMENT on prend le rôle de la femme pour faire sentir à l’homme ce qu’il doit comprendre. On répartit les rôles respectifs au sein du couple, car, chez les néophytes, il est fréquent que le guideur veuille manipuler l’autre. Alors que si chacun sait ce qu’il doit faire, chacun assume.

 

 

Comment vit-on de l’enseignement du tango?

 

Cette question est sans objet dans la mesure où le point de vue adopté dans ces réponses est celui des animateurs de l’association, lesquels sont tous bénévoles. En revanche, du point de vue de l’association, il suffit d’équilibrer recettes et dépenses dans chaque activité (cours, stage, festival, practicás, initiations) et dans chaque domaine de gestion (fonctionnement, investissement, masse salariale s’il y en avait une).

Il semble évident que l’intérêt du tango tel qu’on l’enseigne n’est pas pécuniaire. Il se situe plutôt dans la richesse des relations humaines que l’on tisse en amont avec les maestros, en aval avec les élèves et sur les berges avec tous les interlocuteurs nécessaires à nos activités (mairie, gérant de salle ou contacts portègnes par exemple).

La qualité artistique que l’on développe chez un nombre croissant d’aficionados moyennant des techniques simples et accessibles est souvent une découverte pour chacun des élèves, parfois tardive faute de temps ou de disponibilité antérieure.

La qualité relationnelle vers laquelle on tend au sein du couple est manifestement un sujet d’intérêt pour tous et contribue au bien-être collectif. C’est une gestion du confort préférable à la gestion des conflits.

La qualité gestuelle et psychique par laquelle on aborde l’autre en lui apportant toute la bonté dont on se sent capable sans pour autant peser sur lui est un mode de communication subtil et fulgurant que les milongueros apprennent, apprécient et déploient au profit d’une harmonie partagée sur la piste et au-delà.

Chacun de ces trois sujets est à lui seul un motif de satisfaction qui paie bien des efforts.

Pour en savoir plus : http://tangomalo.fr/

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Publié dans: Sports & Loisirs
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