Une société violente qui a une forte tendance à déshumaniser, l’évidence que l'image, les écrans voudraient se substituer à la parole, aux mots, au langage, à la pensée, que le symbolique disparaît au profit d'une réalité qui cogne fort sur les êtres humains : tel est le constat qui s’impose à Noëlle Fiault, psychanalyste à Strasbourg. Pour elle, être psychanalyste, c'est l'envie de redonner une place prépondérante au sujet, liberté et responsabilité étant les seuls acquis pour être autonome.
Après 25 ans passés dans l’enseignement spécialisé en France puis au Québec auprès d’enfants déficients intellectuels, elle pratique la psychanalyse depuis une dizaine d’années en libéral. Cette évolution s’est faite naturellement après avoir été rééducatrice relationnelle en Réseaux d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficultés (RASED) puis en suivant une formation d'orientation psychanalyse freudienne à Lyon qui l’initie à la Thérapie par le jeu, sous tendue par la pratique de D. Winnicott.
En parallèle, elle s’est engagée dans une psychanalyse durant une quinzaine d'années dans un but didactique et suit régulièrement des groupes de lectures analytiques. C'est par l'expérience de la pratique qu'être psychanalyste est devenu une évidence. Elle commence en recevant tout d'abord des enfants, des parents avec leurs bébés et récemment elle propose des psychothérapies analytiques aux adultes.
Psychanalyse ou psychothérapie : comment faire la différence ?
La question concrète du choix entre psychanalyse et psychothérapie est complexe. En psychanalyse, il s'agit de relâcher le contrôle conscient permettant d'ouvrir le discours de l'inconscient, d'aller aux sources des symptômes, des angoisses. L'analyste écoute et propose une élaboration, une interprétation, une reconstruction. Les psychothérapies dites comportementales sont multiples selon les formations et les professionnels qui les proposent. Les différences portent sur les références théoriques essentielles (conscient, inconscient) qui déterminent la lecture des symptômes. J'ai lu ce qui m'a semblé résumer, un peu rapidement mais juste, l'esprit de ces pratiques "La psychanalyse se propose de réconcilier le patient avec lui-même et les thérapies de réconcilier le patient avec son environnement.”
Quels types de thérapie propose un psychiatre psychanalyste ?
Le psychiatre est médecin spécialisé dans les maladies mentales. Il pratique des soins psychiatriques, il peut prescrire des médicaments. Le psychanalyste n'est pas médecin, il a suivi une psychanalyse personnelle de plusieurs années à visée didactique et de contrôle de ses suivis, a fait une formation universitaire ou dans un institut ou une société de psychanalyse. Selon sa formation et les écoles, le professionnel proposera donc des prises en charge différentes, psychiatriques, de thérapies comportementales, cognitives, des cures psychanalytiques ou psychothérapies analytiques.
Comment faire pour avancer et réussir sa psychanalyse ?
Réussir est un mot qui ne veut pas dire grand chose en psychanalyse. On peut évoquer une forme de guérison; Freud parlait de réussir à travailler et aimer. Vaste programme pas si évident que cela. C'est par l'instauration d'un cadre défini avec l'analyste - le nombre de séances, leur régularité, leur continuité, leur fiabilité - dispositif divan-fauteuil - la règle des associations libre, la rencontre avec l'analyste - pas tant par sa neutralité que son écoute bienveillante, sans jugement, en respect mutuel - que s'engagera le processus analytique". “Sachant que ce n'est pas du savoir que naît la rencontre mais, au contraire, de la rencontre peut surgir un savoir”.L’évolution d’une psychanalyse se mesure concrètement dans les événements de sa vie, dans l’ici et le maintenant, dans le plaisir et le désir d'être vivant retrouvés.